Comme Thierry Henry reviendra toujours à Arsenal, Yannick Noah reviendra éternellement entraîner l’équipe de France de tennis.
L’attraction du mythe de l’éternel retour (ICI et ICI) a été trop forte : Noah a quitté le confort de sa vie de star pour la petite chaise qui fracasse le dos du capitaine de Coupe Davies.
Saga Africa, 1991
Pourtant, il avait réussi sa reconversion en chanteur de variétés, alors que tant de sportifs peinent à définir leur vie après 30 ans.
Même en dehors du sport, si chaque jour est censé être le premier du reste de notre vie, qu’il est difficile de nous réinventer.
Noah, lui, exception qui confirme la règle, avait complètement changé d’univers, en sortant disque sur disque et en chantant devant des salles combles.
Sa décision de revenir montre que la petite voix du tennis en lui, la voix de sa première vie, ne s’était jamais éteinte.
Si même Yannick n’a pu enterrer sa vie d’avant, personne ne le peut.
Il est impossible de se réinventer.
Changer de vie est une illusion.
Le dernier mot à notre Maître à tous, Milan Kundera, qui avait, comme toujours, déjà tout écrit :
« Tu n’échapperas pas au thème de ta vie ! Il serait chimérique de prétendre fonder au milieu de notre vie une autre vie, sans rapport avec la précédente, en repartant de zéro, comme on dit. Votre vie sera toujours construite avec les mêmes matériaux, les mêmes briques, les mêmes problèmes, et ce que vous pourriez prendre pour une vie nouvelle apparaîtra bientôt comme une simple répétition du déjà vécu. »
Milan Kundera, « L’Immortalité », 6ème partie, « Le Cadran »
